Catholique mais athée?
J’ai grandi dans une famille chaleureuse, dans la région Parisienne. J’étais le second de trois enfants. Ma famille était catholique, et allions à la messe régulièrement, mais c’était plus par tradition, voire peut-être par superstition, que par réelle conviction. Pour ma part, je n’y croyais certainement pas, et je n’avais pas non plus l’impression que les gens autour de moi prenaient la chose sérieusement. Mon père était un mathématicien et informaticien, et ma mère se dévouait de façon ‘religieuse’ au bien être et à l’éducation de ses enfants. Cela me permit d’obtenir d’excellents résultats à l’école, et de m’engager dans toutes sortes de sports. Je finis par étudier les maths, la physique et sciences de l’ingénieur, et j’obtins mon diplôme d’ingénieur, et acceptai une offre pour travailler dans une grande banque d’investissement. Sur le plan sportif, après avoir atteint 1m94, je finis par jouer au volleyball en ligue nationale, voyageant à travers le pays tous les weekends.
Une partie importante des idéaux athées d’un jeune homme en France consistait également à réussir dans les conquêtes féminines, un domaine dans lequel je commençais à avoir suffisamment de succès pour satisfaire les standards graveleux du vestiaire de volley. Tout considéré, j’étais heureux et satisfait de ma vie, et dans ma culture particulièrement séculière, les chances que j’entende un jour l’Évangile (et que j’y croie), étaient particulièrement maigres.
L’improbable auto-stop
J’avais environ 24 ans quand mon frère et moi sommes allés en vacances sur l’île de Saint Martin, dans les Caraïbes. Un jour, nous décidâmes de rentrer en stop à la maison. En quelques minutes seulement, une voiture s’arrêta pour nous. A son bord, deux touristes américaines s’étaient arrêtées pour nous demander le chemin de leur hôtel, qui « par hasard » se trouvait être juste à côté de notre maison. Nous montâmes à bord et l’une des auto-stoppeuses retint mon attention. Elle mentionna qu’elle croyait en Dieu (un suicide intellectuel selon moi), mais pire que tout, en conséquence de sa croyance, elle avait la conviction que le sexe n’avait de place que dans le cadre du mariage (conviction encore plus problématique que le théisme, si c’était possible). Néanmoins, nous sommes sortis ensemble (mais ce n’est pas elle que j’ai épousée !).
Les vacances se terminèrent, elle s’envola vers New York, je m’envolai vers Paris, et nous nous trouvâmes ainsi dans une relation problématique.
La prière d’un incrédule:
Ses croyances religieuses étaient clairement un problème entre nous, et mon nouveau but dans la vie devint essentiellement de lui expliquer que ces sornettes étaient indéfendables.
Alors je commençai à réfléchir : quelle bonne raison y avait il de penser que Dieu existe, et quelle bonne raison y avait-il au contraire, de penser que l’athéisme était vrai ?
Ce pas était important pour moi, parce que ma propre incrédulité reposait confortablement sur le fait que les gens (intelligents) autour de moi ne croyaient pas en Dieu non plus. Mais c’était plus une présupposition raisonnable, que la conclusion d’un argument solide. Alors j’ai commencé à prendre la question au sérieux, pour l’évaluer objectivement. Mais bien sûr, pour réfuter le christianisme, il fallait d’abord savoir exactement ce qu’il affirmait. J’ai alors attrapé une Bible pour tirer cela au clair. Et en même temps, comme je suis un scientifique, je me suis dit que je pouvais tenter au moins une expérience pour réfuter l’hypothèse que Dieu existe : je pensai « Si la moindre de ces croyances est vraie, alors Dieu existe, et je présume qu’il est particulièrement intéressé par mon projet ». Alors je commençai à prier sans y croire : « S’il y a un Dieu, alors je suis là, je considère toutes ces questions, alors vas-y, n’hésite pas à te révéler à moi. Je suis ouvert ». Je ne l’étais pas du tout, certes, mais je me suis dit que ça ne devrait pas arrêter Dieu s’il existait.
J’allai à l’église comme on irait au zoo
J’obtins l’adresse d’une église et m’y rendis un dimanche. Franchement, j’y allai comme on irait au zoo, pour voir des animaux exotiques dont on avait lu l’existence dans des livres, mais que l’on n’avait jamais vus. L’expérience me mit particulièrement mal-à-l’aise. Je me rappelle avoir pensé que si un membre de ma famille ou mes amis pouvaient me voir dans ce bâtiment (une église !) je serais mort de honte. Je trouvai assez troublant que ces gens avaient vraiment l’air de croire ce qu’ils pratiquaient, et croyaient sincèrement que leurs prières étaient entendues par Dieu. Je trouvai ça bizarre. Je m’assis tout seul, et écoutai le pasteur, en pensant toujours essentiellement à la honte que j’éprouverais si quiconque me voyait là. Je ne me rappelle pas d’un seul mot prêché par le pasteur ce matin- là. Il finit son sermon, et je me dis « j’en ai assez entendu, j’ai vu ce que je voulais voir, maintenant il est temps de m’enfuir ». J’atteignis la porte de sortie, je l’ouvrai, et j’avais un pied dehors, quand soudain j’entendis ma voix intérieure me dire : « C’est ridicule, il faut que je comprenne ». Alors je reposai mon pied à l’intérieur, refermai la porte devant moi, fis demi-tour, et allai tout droit jusqu’au pasteur, et nous eûmes une longue discussion, qui n’épuisa pas cependant toutes mes questions. Je repris un RDV et constatai que les réponses du pasteur étaient cohérentes, et c’était déjà impressionnant en soi. Il me donna un guide d’étude qu’il avait écrit, et qui expliquait les fondements de base du christianisme. J’épluchai ce guide à la maison, et un bon nombre de croyances chrétiennes commençait à avoir du sens pour moi, mais l’une d’entre elles revenait toujours et je l’écrivais sur chaque page : « pourquoi Jésus dut-il mourir ? »
Foudroyé par la culpabilité
Soyez prêts à offrir une défense (1 Pierre 3:15)
Je devins rapidement anxieux d’expliquer à ma famille et à mes amis (toujours athées), pourquoi je pensais que le christianisme était vraiment vrai. Alors je me plongeai dans des livres, et commandai tous les DVD que je pouvais trouver : des leçons, des débats formels, les arguments pour l’existence de Dieu, les arguments athées et leurs réponses, la fiabilité des Écritures bibliques, et toute la panoplie de l’apologétique chrétienne : théologie, histoire, philosophie analytique, et au final, tout ce qui touchait de près ou de loin à ma foi nouvellement trouvée. Au cours des quelques mois suivants, je passais tout mon temps libre à me plonger dans ce matériel, absorbant toutes ces informations, et en appréciant chaque seconde. C’est d’autant plus ironique qu’avant ma conversion, je ne supportais pas les livres, et n’en avais jamais lu. Maintenant, je ne pouvais plus m’arrêter. Après quelques mois à ce régime, je pensais « si je dois dépenser tout mon temps et mon argent à étudier ces choses, autant en obtenir un diplôme ! » Alors je m’inscrivis à l’université, en séminaire théologique à New York, pour obtenir un Masters en études du Nouveau Testament. Peu après, dans la providence merveilleuse de Dieu, je rencontrai enfin une femme américaine qui cette fois était faite pour moi, et nous nous sommes mariés, et avons fondé une famille. Après avoir obtenu mon Master, je finis par faire de la recherche en doctorat en théologie systématique et philosophique, sous la supervision d’un théologien très respecté, développant ainsi mon expertise dans la matière, et devenant peu à peu un universitaire chrétien et un apologète.